Cher lecteur,
Et si on parlait littérature russe. Depuis le temps que je voulais me lancer dans la littérature classique russe, je l'ai enfin fait. Alors c'est peut-être cliché mais j'ai commencé avec Anna Karénine de Léon Tolstoï car c'est histoire qui m'attirait le plus dans les grands classiques de cette littérature. Et je dois dire que je n'ai pas été déçue. Ce livre m’a beaucoup fait réfléchir. C’est une lettre assez compliquée à écrire.
Anna Karénine en livre de poche (édition Pocket) fait un peu plus de 900 pages. C'est un pavé, ce qui peut faire peur, mais c'est une super histoire bien écrite. On a une histoire d'amour (belle, passionnelle, destructrice). On a aussi une belle, honnête, et réaliste description de la société russe du XIXe. Surtout une description de la haute société, de la société de Moscou et Saint Petersbourg et les différences entre ces deux grandes villes au début. Mais ça devient principalement une comparaison, et une description de la vie rurale comparée à la vie citadine. La tradition d'un coté contre la nouveauté de l'autre. Des idéaux et cultures différentes. On y aperçois aussi les débuts du communisme. Il y a une distinction nette entre la campagne et la ville. Il est aussi question de la notion de propriété et des terres agricoles, rurales. C’était vraiment très bien amener et très intéressant à lire, car Anna Karénine n’est pas qu’une histoire d’amour.
« Tous les bonheurs se ressemblent, mais chaque infortune a sa physionomie particulière. »
Quand j'ai commencé ce livre j’avais des idées pleins la tête en me disant que j'allais l'adorer pour pleins de raisons diverses. Au final j'ai beaucoup apprécié ce livre mais pas pour les raisons que je pensais.
Je m'attendais à adorer le personnage d'Anna Karénine, mais honnêtement je ne l'apprécie pas plus que cela. Je ne peux pas dire que je la déteste parce ce n'est pas le cas. Je l'appréciais bien au début, mais plus sa relation avec Wronski avançait plus je perdais de l'estime pour elle et je crois que j'ai fini par ne plus l'apprécié du tout au moment où elle avoue tout à son mari. Lors de cette scène au début on se dit " chouette, elle est courageuse et elle va revendiquer sa liberté et son indépendance", mais ce n'est pas une scène comme ça. Elle est tellement aigris contre son mari et je trouve qu'elle le traite trop injustement depuis le début. Et en y repensant bien je pense que si cette scène de l'aveu m'a aussi déçu c'est parce qu'elle n'est pas aussi grandiose et pleine de courage que dans d'autre livre comme La Princesse de Clèves dans lequel j'ai adoré la scène où la Princesse de Clèves avoue à son mari en aimer un autre, (c'est même peut-être ma scène préféré dans ce roman).
Le personnage continue de décliner tout le long du roman. La mesquinerie et la méchanceté du personnage ne fait que croître reprochant à tout le monde son malheur, et oubliant de se remettre elle et ses actions en question. Je n'ai rien contre le fait de se rebeller contre la société et l'oppression, ce battre pour l'Amour et faire en sorte d'être libre. Mais honnêtement presque tout au long du roman Anna m'est apparue comme un personnage égocentrique, qui ne voulait uniquement satisfaire que ses besoins et ses envies se moquant des autres et si un malheur lui arrivait alors c'était tout le temps de la faute de quelqu'un d'autre. Et cette façon de juger les personnes selon s'ils agissent en accord avec ses envies, ne me plaît pas. Elle reproche aux gens qui l'entour de ne pas atteindre ses attendes mais elle ne leur dit pas ce qu'elle attend d'eux, du coup elle est déçu, triste et reproche cela à la personne sans se remettre en question. En tout cas c'est comme ça que j'ai perçu les choses.
« Ne pouvant plus retrouver l’oubli dans le sommeil, du moins jusqu’à la nuit suivante, il fallait s’étourdir dans le rêve de la vie. »
De plus sa relation avec Wronski, je ne la trouve pas si belle que ça. Il y avait au début une sorte d'équilibre, ils s'aimaient et semblaient avoir une relation où ils se parlaient contrairement à ce que semblait être le mariage d'Anna avec Alexis Alexandrovitch. Dans ce mariage Anna avait plutôt un rôle passive, elle obéissait et agissait de façon à faire plaisir à son mari, à ne pas l'embarrasser et toujours agir en fonction de ce que la société attendais d'elle, même si ce n'était pas vraiment ce qu'elle souhaitait. Même si je dois dire qu'elle n'avait pas l'air trop malheureuse, certes elle n'aimait pas son mari mais elle semblait aimer sa position sociale et apprécier toute ces activités et privilèges qui allaient avec. Avec Wronski, elle a trouvé l'amour, c'est vrai, et elle s'est rebellée contre les convenances pour trouver la liberté. À partir de là, elle a exprimé à quelques moments des idées nouvelles et contraires aux moeurs de la société russe de l'époque, des idées féministes. Des idées de liberté pour la femme. Mais plus leur relation se développait plus Anna déclinait. Elle s'est lancée dans cette relation lui sacrifiant tout ce qui comptait pour elle, ne réalisant pas ce qu'elle perdait.
J'avais l'impression de faire face à quelqu'un qui faisait des caprices, elle prenait des décisions comme si elle comprenait ce qu'elle faisait disant qu'elle assumait ces choix, mais les regrettant plus tard et reprochant ces choix à quelqu'un d’autre. Elle n’assumait jamais ses choix. Quand elle décide de vivre pleinement sa relation avec Wronski, elle sait que cela veut dire qu'elle va perdre sa position dans la société car ce n'est pas convenable pour un femme mariée dans sa position de faire ce qu'elle a fait. Les bals, le théâtre, l'opéra, c'est mal vu pour elle de s'y rendre et encore plus d'y aller avec Wronski, et pourtant elle veut continuer de paraître dans le monde et elle le fait. Cela je ne lui reproche pas, en revanche quand la société se retourne contre elle et qu'elle reproche cela à Wronski, alors là oui j'ai beaucoup de mal à avoir de la compassion pour elle.
Certains d'entre vous voient peut-être de quelle scène je parle, dans la cinquième partie du deuxième volume. Quand elle se rend à l'opéra, cette action m'apparait comme un caprice et pas comme un acte de défiance contre la société, un acte de rébellion pour la liberté de la femme et pour l’Amour.
Si elle se rendait à l’opéra parce qu’elle avait envie en se disant que c’était aussi un moyen de revendiquait ses choix et de défier la société leur montrant qu’elle a autant le droit qu’eux de profiter des divertissements de la société.
Mais là elle se rend à l’opéra par caprice, se disant qu’elle serait accepté comme avant. alors que Wronski a tenté de l’avertir. Il me semblait juste protecteur, sachant très bien que la société présente à l’opéra se retournera contre Anna. Il voulait lui éviter plus de peine qu’elle ressentait déjà. Il n’a pas voulu lui empêcher d’aller à l’opéra, il voulait juste qu’elle n’y aille pas ce jour là car c’est le jour où tous les gens de la Haute Société s’y rend, du coup il savait qu’Anna ne pourrait pas profiter de ce moment comme elle le voulait. C’était prévenant de sa part. Mais Anna ne l’a pas perçu comme ça, elle a plutôt vu une interdiction à son caprice d’aller à l’opéra. Elle a eu une altercation avec une dame de la société, et elle le reproche à Wronski.
Certes elle devrait pouvoir aller à l’opéra quand elle voudrait, sans que la société s’en prenne à elle. Mais elle ne devrait pas se rendre à l’opéra juste parce qu’elle est jalouse de Wronski et qu’elle lui reproche de pouvoir paraître dans la société sans que ce soit mal vu contrairement à elle, et c’est injuste mais elle ne devrait pas le reprocher aussi amèrement à Wronski.
« une voix différente parlait dans son âme, lui murmurait qu’il ne fallait pas être esclave de son passé, qu’on faisait de soi ce qu’on voulait. »
Ce qui me désole c'est qu'à beaucoup de moment j'ai eu l'impression qu'elle aurait pu faire les choses mieux. Que ses choix et ses actions auraient eu beaucoup plus d'impact si elle avait fait les choses différent, si elle avait agi non pas par caprice mais parce qu'elle se battait pour quelque chose. Surtout que c’est principalement de sa faute si sa situation est aussi précaire. Si elle avait divorcer alors sa sortie à l’opéra serait sûrement passer autrement, la haute société ne l’aurait peut-être pas accepté parmi eux mais ils ne l’aurait peut-être pas attaqué comme ils l’ont fait.
Et son choix de refuser de divorcer, c'est bizarre et étrange.
D’abord Alexis Karénine refuse le divorce, et il veut qu’Anna arrête sa relation avec Wronski. Surtout il veut qu’Anna agisse comme si de rein n’était. Ce qui n’était pas forcément la meilleure décision, mais il venait d’apprendre que sa femme le trompait. Il ne savait jusqu’où tout cela allait. Alors il se raccroche à se qu’il connait, c’est-à-dire à dire à sa position et à ce qu’il a appris.
Puis il change d’avis. Il est prêt à divorcer. Cependant, bien que Karénine est déterminé à demander le divorce, il apprend que sa femme est mourante. Anna lui demande de venir à son chevet pour se faire pardonner, il concède à sa demande. Les plans du divorce semble alors suspendu. Pendant le trajet pour se rendre au chevet de sa femme il vient a espérer qu’elle meurt, pensant simplement que cela simplifierai cette histoire d’adultère, de divorce et de garde. Mais Anna ne meurt pas, Karénine accorde son pardon à Anna et Wronski, et reste aux côtés de sa femme. Il annule les plans de divorce. Anna et Wronski semble un peu brouillé, Anna est perdu ne sait pas quoi faire. Elle en veut à son mari. Elle lui reproche un peu plus chaque jour la situation dans laquelle elle se trouve. Karénine est prêt à faire ce qu’elle voudra, si elle veut divorcer alors il le fera. Mais Anna lui reproche sa bonté, sa générosité. C’est le frère de cette dernière qui semble venir à leur secours en parlant des plans de divorce avec Karénine. Ce dernier accepte alors de divorcer. Anna se réconcilie avec Wronski. Et au lieu d’accepter le divorce, elle part à l’étranger avec Wronski.
« ils s’aimaient malgré la différence de leurs caractères et de leurs goûts, comme s’aiment des amis qui se sont liés dans leur première jeunesse. »
Je ne comprends pas qu'Anna ait refusé le divorce et laisse la garde de son fils à son mari. Je comprends qu'elle n'a pas le choix pour la garde de son fils. Mais elle préfère partir vivre à l’étranger avec Wronski et leur fille, puis rentre en Russie, sans qu’elle ait divorcé. Wronski aurait préféré qu’elle divorce pour pouvoir l’épouser. Certes cela aurait été très mal vu par la société et la religion qu’Anna se remarie, mais cela aurait donner une validité à son couple avec Wronski, et à leur famille. Et de par la position d’Alexis Wronski dans la société elle aurait pu tenter de retrouver une place dans la société bourgeoise russe, et faire amande honorable.
Et pour en revenir à Serge, son fils, quelque chose me dit que si elle avait accepté de divorcer alors elle aurait peut-être pu continuer à voir son fils, au moins de temps en temps ou à de grandes occasions comme le jour de l'anniversaire de ce dernier. Son mari lui avait pardonner ses actions, et était prêt a divorcer, à faire les choses biens pour eux, à faire en sorte qu'ils trouvent tous les deux leur compte.
Alors c'est vrai qu'il n'aurait pas laisser la garde de Serge à Anna même si la société lui permettait cela, mais je suis sûre qu'il l'aurait laissé voir son fils car après lui avoir pardonner, Karénine voulait lui causer le moins de peine possible. Mais son mépris pour son mari était tel qu'elle n'a pas voulu voir, n'a jamais voulu voir les sentiments de son mari et le trouvait lui méchant et mesquin alors que c'est elle qui l'était.
« Le sport a, selon moi, un sens profond, et comme toujours nous n’en prenons que le côté superficiel. »
Anna a causé sa propre perte. Ce moment où elle refuse le divorce cause sa perte. Jusque là, elle était en déclin, mais il y avait encore de l'espoir. Mais quand elle refuse le mariage, elle s'enferme dans une spirale, elle devient plus mesquine, méchante et égocentrique. Elle anéanti toutes possibilités et tentatives de retour à la société. Cette société à laquelle elle veut appartenir, malgré tout. Elle condamne avec elle les personnes qu'elle aimait. Si elle leur avait donné une légitimité (grâce au divorce) alors il y a beaucoup de choses qui aurait pu être différent et il y aurait eu de l'espoir, au lieu d'une condamnation. Wronski ne serait pas retourner contre elle et elle ne serait pas morte.
Et la façon dont elle traite sa propre fille. J’ai vraiment l’impression qu’elle l’a délaissé, pour se concentré plus sur elle-même que sur sa nouvelle famille.
Bien honnêtement, le seul détails qui me fait apprécie Anna c'est qu'elle ait osée enfreindre les règles et moeurs de la société pour vivre comme elle l'entendait, comme elle en avait envie.
Je ne peux pas condamner le personnage d’Anna. Comment en vouloir à cette femme qui a tout sacrifié par amour, et qui a osé aller à l’encontre des moeurs de son époque et de la société pour être libre. Libre d’aimer et de faire ce qu’elle veut. Elle a voulu être une femme libre et je l’aimerais toujours pour ça. Et c’est bien pour ça que je ne peux pas la détester, que je ne peux pas la condamner. Sa fin m’a énormément attrister, alors même que je savais ce qui allais se passer. Ça m’a énormément touché. Et ce pauvre Wronski aussi. Je n’ai pas pu totalement pardonner à Anna, mais ça m’a permis de relativiser sur le personnage. Son monologue de fin, c’est ce qui m’a le plus touché et de comprendre un peu le personnage.
Pour ce qui est de son mari, Alexis Alexandrovitch Karénine, je l'aime beaucoup. J’ai eu beaucoup de compassion pour lui. C’est peut être le deuxième personnage que j'aime dans ce roman après Lévine. Ce personnage n'est absolument pas parfait, mais personne le l'est donc il est pardonné. Il apparait comme froid et distant mais au fur et à mesure qu'on apprend à le connaître on se rend compte de la générosité et de l'attachement de se personnage. Je l'apprécie énormément. Et certes sa relation avec Anna au début n'était pas idéal, ce n'était pas un mariage d'amour et ils ont une grande différence d'âge. Ils étaient tous les deux préoccupés par leur responsabilités et statut sociale. Mais il n'était pas non plus un mauvais mari, je pense qu'il y avait surtout un problème générationnel et d’incompatibilité de caractères. La seul chose que je pourrais vraiment reprocher à se personnage, ce serait de s'être vraiment mal comporter avec son fils dans les débuts, le rejetant car il le comparait trop à sa mère. Ça m'a brisé le coeur d'apprendre la raison pour laquelle il se tenait éloigner de son fils. Comment en vouloir à cet homme qui ne voyait son fils comme étant uniquement l'enfant d'Anna et en voyant en lui tout les travers de cette dernière. C'est vrai qu'il n'aurait pas du projeter sa rancoeur contre Anna sur son fils, Serge, mais il a su se faire pardonner. Il y a un moment où il commence à s'occuper de son fils, quand Anna est malade. En passant un peu de temps avec son fils loin d'Anna, il a appris en un rien de temps à aimer son fils et à le voir comme son fils et plus comme étant uniquement l'enfant d'Anna. C'est un personne qui m'a beaucoup touché.
« Je crois que s’il y a autant d’opinions que de têtes, il y a aussi autant de façons d’aimer qu’il y a de coeurs.»
Je crois bien que mon personnage préféré a été Constantine Lévine. J'ai dévoré tout les passages le concernant. Il m'a beaucoup plus, du début jusqu’à la fin. Je n’ai pas forcément toujours été d’accord avec lui et ses idées, mais ça n’a jamais changé ce que je ressentais pour lui. Il est le personnage qui préfère la campagne à la ville. Et c'est lors de ces passages, qu'il y a eu d'intéressantes conversations sur la campagne, la ville et la propriété. Et aussi de belle réflexion sur l'amour, et la vie.
Pour ce qui est d'Alexis Wronskis, je l'appréciais bien au début mais très vite j'ai été indifférente à ce personnage. Je ne pense pas avoir grand chose à dire sur ce personnage étant donné que je ne pense pas grand chose de lui. Je comprends qu'il puisse plaire, mais honnêtement j'ai dû mal à voir pourquoi.
J’adore ce roman pour la peinture et la critique de la société que l’auteur fait. Malgré les déceptions liés en particulier au personnage éponyme et principale, j’ai adoré ce livre et il y a plein d’autres personnages aux quelles s’attacher. Et c'est une histoire très intéressante.
Voilà trois dernières citations pour le plaisir :
« en aimant on est toujours heureux parce que notre bonheur est en nous-mêmes. »
« lorsqu’on aime ainsi une personne, on l’aime telle qu’elle est, et non telle qu’on la voudrait. »
« nous sommes tous voués à la souffrance, et ne cherchons que le moyen de nous le dissimuler.»
Bonne lecture !
Maeva